Il y a dans le sud tunisien un certain nombre de villages abandonnés comme Douirette. Ces deux villages sont situés sur des promontoires rocheux et leurs anciennes maisons
acrochées au flanc de la montagne s’en distinguent à peine, comme si avec le temps, elles retournaient à la pierre dont elles sont faites. Nous avions d’abord voulu voir Guermessa. Les paysages que nous avons découverts en nous en approchant sont époustouflants : plateaux rocheux, canyons … Nous nous sommes engagés sur une piste qui devait mener au village mais au bout de quelques kilomètres, nous avons dû renoncer car les chaos devenaient trop risqués pour le camping-car. Nous l’avons laissé et avons continué à pied. Nous avons marché une bonne heure à travers des paysages extraordinaires, le long d’oueds asséchés, de terrains entourés de petits murets de pierre sèche et sommes arrivés au pied du village. Le soleil se couchait et nous avons décidé de ne pas monter au village mais d’en faire le tour. Nous avons ensuite pris le chemin du retour car la nuit tombait. Quel paysage magnifique, encore embelli par les lumières du crépuscule.
Eblouis par cette première expérience, nous sommes allés à Douirette. Là aussi, des paysages extraordinaires sur la route, mais cette fois nous avons pu la suivre jusqu'au bout. Nous y sommes arrivés dans la matinée et y avons fait la connaissance d’un jeune guide, Hassan, qui avait grandi à Douirette avant que celle-ci ne soit abandonnée pour Douirette-Nouvelle, construite à quelques kilomètres de là. Il proposait de nous faire visiter son village. Nous avons causé un peu, il était sympathique et nous avons accepté. La visite était très intéressante et quand il nous a montré la petite école coranique où il avait appris à lire, petite pièce creusée dans le rocher et totalement abandonnée aujourd’hui, comme tout le reste du village d’ailleurs, ç’était très émouvant. Penser qu’il avait récité ses sourates avec les autres petits enfants, à cet endroit précis, aujourd’hui désert et délabré … Il nous a montré la petite mosquée, nous sommes montés en haut du petit minaret. Il nous a fait entrer dans une maison – troglodyte, comme presque toutes les maisons du village, alignées le long du flanc de l’éperon rocheux et précédées d’une petite cour murée. Nous sommes enfin montés tout en haut de l’éperon rocheux pour visiter le ksar, aux ghorfas étroitement serrés les uns contre les autres. Quand nous sommes redescendus, il nous a montré du doigt le petit cimetière : un petit terrain en contrebas du village, sans enceinte ni clôture, bordé par trois chemins. Cent, deux cents petits tas de pierres, tous orientés vers l’est, les tombes. Une pierre dressée à la tête, une autre aux pieds. Si c’est une femme, une troisième au niveau du ventre, hommage à la fécondité. Pas de nom, pas d’inscription. Quand on célèbre les morts, on célèbre tous les morts …